Sidney Lumet
-
Film(s) au catalogue
Entretien avec Sidney Lumet (Gavin Smith, Film Comment , août 1988)
Dans A bout de course, comme dans nombre de vos films, la dimension psychologique et la dimension politique sont étroitement imbriquées.
Je suis né dans une famille de juifs new-yorkais de gauche. Je suis un enfant de la dépression, qui a grandi pendant les années trente. Cette imbrication est, pour moi, une évidence ; elle fait partie de mon être, et c’est sans doute pourquoi on la retrouve dans tant de mes films.
A bout de course repose sur un paradoxal retournement de situation : la génération des Sixties, qui contestait l’autorité parentale, est maintenan « à la merci » de ses enfants. Je ne pense pas que les options politiques d’Arthur Pope changent fondamentalement au cours du film. Le pouvoir qu’il exerce sur son entourage est l’expression de sa profonde insécurité. Il s’imagine que sa famille sombrerait s’il relâchait cette discipline. En fait, c’est lui qui a peur de sombrer. « Il a besoin de notre soutien pour surnager », dit Danny à Lorna.
Vous avez traité A bout de course dans un style très lyrique. Il n’y a aucun sentiment de danger, aucune tension.
C’est un choix délibéré. Je ne voulais pas mélo dramatiser la situation, je ne voulais pas
tourner une course poursuite, montrer que la vie de cette famille risquait d’être
bouleversée d’un jour à l’autre, qu’ils allaient être arrêtés pieds et poings liés. Je ne
voulais rien de tout cela. C’est un film serein. Il n’y a pas de faux suspense : pour les
Pope, le mal est fait depuis longtemps...
Que pensez-vous des années 60 ?
J’ai des sentiments ambivalents à l’égard de Sixties. Les jeunes de cette génération étaient des romantiques que j’admire énormément pour avoir mis fin à une guerre de grande ampleur en faisant l’économie d’une révolution. Étant un mouvement de jeunes, ils se révoltèrent, comme tous les adolescents, contre leurs « pères » idéologiques, en l’occurrence les représentants de la vieille gauche. Ils les mirent au rancart sans trop se soucier de leur apport. Ils n’avaient que de vague notions du communisme, mais le P.C. n’a représenté qu’une infime fraction de la gauche américaine. Les organisations agricoles et ouvrières de la fin du 19ème siècle, par exemple ont eu une action très importante. En se coupant de ces traditions, ces jeunes ont limité leur action à un seul et unique domaine : la lutte contre la guerre du Vietnam. Après cela, beaucoup sont rentrés dans les rangs et ont voté Reagan.
1957 – Douze hommes en colère
1958 – Les feux du théâtre
1959 – Une espèce de garce
1960 – L’homme à la peau de serpent
1962 – Vu du pont
1962 – Long voyage vers la nuit
1964 – Le prêteur sur gages
1964 – Point Limite
1965 – La colline des hommes perdus
1966 – Le groupe
1966 – M.15 demande protection
1968 – Bye Bye Braverman
1968 – La Mouette
1969 – Le rendez-vous
1970 – The Last of the Mobile Hot Shots
1970 – King : De Montgomery à Memphis
1971 – Le dossier Anderson
1972 – Les yeux de Satan
1973 – The Offence
1973 – Serpico
1974 – Lovin’ Molly
1974 – Le crime de l’Orient-Express
1975 – Un après-midi de chien
1976 – Network – Main basse sur la TV
1977 – Equus
1978 – The Wiz
1980 – Just Tell Me What You Want
1981 – Le prince de New York
1982 – Piège mortel
1982 – Le verdict
1983 – Daniel
1984 – À la recherche de Garbo
1986 – Les coulisses du pouvoir
1986 – Le lendemain du crime
1988 – À bout de course
1989 – Family Business
1990 – Contre-enquête
1992 – Une étrangère parmi nous
1993 – L’avocat du diable
1996 – Dans l’ombre de Manhattan
1997 – Critical Care
1999 – Gloria
2006 – Jugez-moi coupable
2007 – 7h58 ce samedi-là